Comment un homme seul a failli tuer le Suzuki Samourai

Si vous êtes un habitué du hors-route et que vous ne vous limitez pas à rouler seulement avec des véhicules du même fabricant, vous connaissez très bien le légendaire Suzuki Samurai. Véhicule aux capacités hors-route qui n’ont rien à envier. Si le Jeep a la renommée d’être le meilleur véhicule hors-route et route le Suzuki Samurai a la réputation d’être un des rois du hors-route. Mais saviez-vous qu’un seul homme à presque détruit cette légende ? En fait l’impact de cet homme fut tel que le véhicule a été retiré des États-Unis. 

Lorsque les SUV ont commencé à prendre réellement leur essor dans les années 1980 et 1990, les véhicules n’étaient pas dotés de tous les dispositifs de sécurité actuels. En outre, les normes de sécurité étaient moins strictes : les coussins gonflables frontaux n’étaient pas obligatoires avant 1998. Et dans l’empressement des constructeurs automobiles à commercialiser les SUV, inévitablement, certains compromis ont été faits. Ces véhicules hauts et lourds, avec un centre de gravité élevé, ont entraîné une augmentation des signalements de renversements à grande vitesse.

Pour être juste, la physique dicte que les SUV sont intrinsèquement plus à risque de renversement que les voitures particulières. C’est pourquoi Consumer Reports a attribué plusieurs cotes de sécurité « non acceptable » à plusieurs VLT qu’elle a testés. Deux d’entre eux étaient le Isuzu Trooper et le Suzuki Samurai. CR a notamment déclaré que le Samurai « se retourne facilement dans les virages ».

À l’époque, tous deux étaient très vendeurs. Le Samurai s’est en fait mieux vendu que le Wrangler contemporain : TFLcarrapporte que Suzuki a vendu 2 Samurais pour chaque Wrangleren 1987. Cependant, une fois que CR a communiqué les résultats de ses tests, les ventes ont chuté. Suzuki a vendu 77 493 Samurais au cours de l’année où la revue a été publiée. L’année suivante, seuls 1 435 ont été vendus 

Pour cette raison, Isuzu et Suzuki ont poursuivi l’éditeur de Consumer Reports, Consumers Union. Isuzu a affirmé que le magazine avait « diffamé et dénigré » le constructeur automobile, selon le New York Times. Et Suzuki a prétendu que le magazine avait effectué des tests frauduleux afin d’obtenir ces résultats.  

Mais pourquoi ils auraient fait ça ? Pourquoi CR aurait falsifié des résultats aussi dommageables pour le fabricant ? C’est là que l’histoire devient intéressante. 

En fait, un jeune homme aurait fait un renversement avec son Samurai personnel lors d’une promenade en 1988 en essayant d’éviter un objet sur la route. En temps normal, ce malheureux incident aurait été vite oublié. Mais, le jeune homme se trouvaità être un employé du Consumer Report, le magazine qui publie des rapports de test de sécurité des véhicules. Il s’agissait d’une activité personnelle et non avec CR. Mais après cet incident CR ont décidé de porter une attention plus particulière au test de renversement du véhicule. D’après leurs résultats, le véhiculeétait plus propice à se renverser que tout autre véhicule. En fait, il s’agissait de la première fois en 10 ans que le magazine donnait une note aussi mauvaise à un véhicule. 

Suzuki ont par la suite mis leurs avocats sur le dossier pour monter une poursuite de 60 millions de dollars pour avoir falsifié des résultats et modifier leurs critères d’évaluation. 

L’enquête interne du fabricant a démontré que le magazine avait caché les premiers résultats dans lesquels ils disaient eux même que le véhicule s’en sortait bien lors des tests de versatilité. Pour être plus précis, il l’avait même déclaré un des véhicules le plus sécuritaire testé, avec un des résultats le plus haut en matière de renversement. Suzuki réussi même à mettre la main sur les vidéos des tests de renversement et se rendre compte que le véhicule a réussi à perde pied seulement après 47 répétitions du même test. Dans le même vidéo on entend même un dirigeant du CR dire : ‘’si vous ne trouvez pas une façon de renverser ce véhicule, moi je réussirai.’’ En fait, on peut voir dans le vidéo que le véhicule ne se renverse pas mais ne fait que perdre pied.
On peut alors entendre du personnel sur place s’exclamer avec joie. Ensuite, ils ont improvisé un nouveau test qu’ils décrivent eux-même comme conçu pour créer un accident et même avec ce nouveau test, le véhicule a dû faire le parcours 15 fois avec d’être déstabilisé. 

Il est difficile de savoir toute l’histoire derrière ce dossier, mais il est facile d’imaginer les choses et vous vous ferez vous-même votre conclusion.

Lors du procès le magazine c’est entendu sur le fait que leurs tests ont été mal reportés dans leur article. L’Union des consommateurs n’a pas accepté de verser de l’argent ou d’émettre une rétractation. Le groupe n’a jamais fait ni l’un ni l’autre dans plus d’une douzaine de procès intentés contre lui au cours de ses 68 années d’évaluation des produits.

Le groupe a concédé, dans un paragraphe d’un communiqué de presse commun intitulé « Clarification », qu’il était possible qu’un passage d’un article de Consumer Reports sur les Samouraïs ait été mal interprété. Mais il n’a pas reculé devant les résultats de son test du Samouraï de 1988, dans lequel le véhicule a basculé sur deux roues.

C’est tout à fait conforme à notre histoire : aucune rétractation, aucune correction et aucune somme d’argent versée », a déclaré R. David Pittle, vice-président senior de la politique technique de Consumers Union. C’est tout à fait acceptable pour nous. Nous accepterons d’être en désaccord, et nous passerons à autre chose ».

Cam Smith Arnold, vice-président de Suzuki pour les relations avec les clients et la communication, a déclaré que le procès de la société « n’a jamais été une question d’argent – c’était une question de réputation ».

Le fait que nous ayons obtenu ces clarifications était très important pour Suzuki », a-t-elle ajouté.

Le véhicule avais perdu pied seulement lors de test d’évitement d’objet sur courte distance et à haute vitesse et non en condition d’utilisation de tous les jours. Ils ont modifié leur article par la suite.

Suzuki n’a demandé aucune compensation et non rien reçu en dédommagement.

Plusieurs personnes ont longtemps cru, et certains le croient encore, que le Suzuki Samurai est un véhicule plus dangereux que la moyenne. Ce n’est pourtant pas le cas. 

Dave Daneaulr chroniqueur 4x4setupMagazine

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