Pendant que la majorité des visiteurs de la Floride font la chasse aux plages, la forêt nationale d’Ocala demeure un trésor caché au cœur du Sunshine State. Situé au nord d’Orlando, cet étendu de près de 3000 kilomètres carrés renferme la Mecque des Overlanders. Quiconque aimant sortir des sentiers battus sera comblé par une variété impressionnante de surface et de végétation qui garantissent un dépaysement total. Nous avons eu la chance d’y séjourner quelques jours lors de notre dernière escapade.
Arrivés de Palatka au nord, nous avons emprunté la route pavée 19 avant de se diriger sur la 33 non-pavée en direction de notre premier arrêt : Hopkins Prairie. Ce fut un véritable plaisir de se rendre à un terrain de camping par les routes secondaires mais heureusement que nous avions imprimé les cartes des sentiers car on avait vraiment l’impression d’être au milieu de nulle part. Les parcs américains on souvent un bénévole en guise de responsable et celle-ci vint nous rencontrer à notre arrivée pour nous donner les recommandations d’usage. Les trois grandes lignes de notre conversation sont les suivantes : 1- Ne pas trop s’approcher du marais car les alligators se déplacent rapidement. 2- Dites aux enfants de ne pas jouer avec les serpents car elles ne différencient pas ceux qui sont vénéneux de ceux qui ne le sont pas. 3- Il y a un immense nid de chauves-souris à l’extrémité du terrain et celles-ci prennent leur envol à 17h45 précise. Cette dernière information avait piqué notre curiosité et il n’était pas question de rater notre chance de voir un tel spectacle.
N’ayant pas de bois pour le feu, nous avions décidés d’aller en chercher au village le plus proche en empruntant quelques-uns des tracés répertoriés dans notre document. La première section, qui semblait dégagée au début, se referma tranquillement et nous amena en bordure d’une étendue d’eau où commença un slalom entre d’immenses arbres. Chaque intersection nous ouvrait une multitude de possibilités tout aussi intéressantes les unes que les autres, mais nous devions rester sur la principale si nous voulions revenir à temps pour l’envol des chauves-souris. Sur le chemin du retour, à peine quelques kilomètres plus à l’est, la terre meuble sur laquelle on roulait fit place à un sable blanc. Plus on avançait, plus le sable devenait dense, jusqu’au point où l’on a dû embrayer le quatre roues motrices pour continuer à avancer. Cette dernière section, autant par son paysage que par la qualité du sentier, était le genre d’endroit où nous aurions pu rouler pendant des heures sans se lasser.
Tel que l’avait été mentionnée par la responsable, c’est à 17h45 précis que les cris stridents ont commencé à se faire entendre en provenance de la cabane perchée dans l’air. En moins de deux, des centaines de chauves-souris ont envahi le ciel de tous les côtés nous frôlant au passage. Les enfants ont adoré ce spectacle à la fois majestueux et effrayant et je confirme que les chauves-souris ne s’agrippent pas aux cheveux blonds comme le raconte les légendes urbaines. De retour à notre site, le feu que nous avions allumé s’était transformé en un beau lit de braises parfait pour faire cuire le souper. Pendant que les enfants savouraient leurs S’mores, il était temps de jeter un œil aux cartes afin de prévoir notre itinéraire du lendemain.
Nous avons décidé de passer une nuit de plus dans la région mais de changer d’endroit pour dormir tout en traversant la forêt vers le sud. Notre chemin parcourait une zone de refuge animalier qui, avec un peu de chance, nous aurais permis d’observer quelques animaux sauvages. Après quelques kilomètres de forêt dense, notre observation s’était limitée à quelques traces. C’est traces, laissées dans l’argile, était très fraîches et de grande taille nous laissant supposer que nous avions manqué la bête de peu et qu’elle était de bonne dimension. Nous avons été, encore une fois, impressionnés par la variété de sentiers avec cette dernière section sur fond d’argile qui nous avait donné une nouvelle expérience de conduite avant d’arriver à notre destination journalière : Juniper Springs.
Reconnu pour son authentique moulin à eau et son étang d’eau chauffé par des micros fuites de la couche terrestre, Juniper Springs est établi depuis les années 1930. Malheureusement, personne de la famille n’a osé se jeter à l’eau en voyant les tortues s’y promener et les avertissements concernant les alligators. Cet endroit est probablement le plus achalandé de la forêt Ocala de par sa localisation et la proximité des services. C’est un site enchanteur à visiter et un camping agréable à séjourner pour prendre une bonne douche et relaxer avant de reprendre la route.
La forêt nationale d’Ocala fait désormais partie de nos destinations préférées et c’est avec un léger pincement au cœur que nous avons quitté ce paradis du hors-route le lendemain matin. Il était maintenant le temps de sortir les maillots et le parasol et d’aller jouer ailleurs dans le sable… avec moins de chauves-souris, serpents et alligators mais beaucoup plus de touristes!
Texte et photos: Expédition Nord-Sud